dimanche 5 septembre 2010

L'obsédé - John Fowles

Publié en 1963, L'obsédé connut immédiatement un succès planétaire et fut adapté trois ans plus tard au cinéma par William Wyler sous le titre Le collectionneur, titre qui, selon moi, correspond bien plus au personnage principal que la traduction française qui avait été donnée au roman. Car ne nous y trompons pas : l'obsédé dont il est ici question n'est pas un obsédé sexuel comme on pourrait le penser. Non, au contraire, Frédérick, employé de mairie sans histoire au début du récit, n'est qu'un simple collectionneur de papillons, ces papillons qu'il aime et qu'il admire tant. Mais Fréderick n'admire pas seulement les papillons et c'est Miranda, la belle Miranda, étudiante à l'école des beaux-arts, qui le fascine au point qu'il échauffe un plan pour s'en emparer.

Prisonnière de cet homme fou amoureux d'elle, Miranda voit sa vie devenir un cauchemar. Oh, son geôlier ne la brutalise pas, ne la violente pas, ne lui fait aucun mal. Au contraire, Miranda est traitée avec mille égards et tous ses désirs deviennent des ordres. Même, face à Frederick intimidé par la personnalité vive et volontaire de sa prisonnière, on a presque l'impression que c'est Miranda qui prend le dessus. Mais l'impression est trompeuse car Fréderick est tétu, obstiné et veut croire jusqu'au bout à la pureté de Miranda. Jusqu'à la retenir prisonnière dans sa cave, sans fin et sans raison. Et Miranda, à l'instar des papillons collectionnés par Fréderick, comprend qu'elle n'est pour cet homme qu'une pièce de collection, sa plus belle etplus précieuse.

"Je ne suis pour lui qu'un spécimen dans une rangée de papillons. Quand j'essaie de battre des ailes, c'est alors qu'il me déteste. Car je suis censée être morte, épinglée, toujours la même, toujours belle. Il sait qu'une partie de ma beauté vient du fait que je suis vivante, mais c'est morte qu'il me veut. Il me veut morte vivante. [...] Il m'a montré un jour ce qu'il appelle sa "bouteille-à-tuer". C'est moi qui suis emprisonnée là-dedans. Je bats des ailes contre le verre. Et, parce que je vois à travers, je garde l'impression de pouvoir m'échapper. J'ai de l'espoir, mais tout cela n'est qu'illusion. Un mur épais, transparent et rond."


Les jours passent et Miranda, malgré ses tentatives de fuite, comprend qu'elle ne peut s'échapper. Et l'horreur atteint son comble lorsque Fréderick comprend que Miranda, avec sa personnalité, ne correspond pas à l'image lisse et parfaite qu'il s'était faite d'elle. Et le dénouement, inéluctable, ne peut qu'arriver...

Si à sa parution, L'obsédé a pu faire sensation, de nos jours ce récit parait bien moins scandaleux qu'en 1962. C'est qu'il y a des longueurs, notamment dans la seconde partie du récit, lorsque nous lisons le journal tenue par Miranda dans sa prison. Même évènements mais vu de son point de vue sans oublier ses digressions sur l'art qui, sans être intéressantes, nous éloignent plus du récit principal qu'autre chose. Quant à la fin, sans être surfaite, elle n'a rien d'étonnante, et c'est sans émotion particulière, que l'on assiste à ce qui arrive en définitive à Miranda.

Bref, un récit intéressant bien écrit, mais sans plus. Pour avoir étudié des passages qui m'avaient alléchés il y a de cela des années au lycée, j'ai été finalement déçue par le roman. Peut-être en attendais je trop, tous simplement?

Ma note : 3/5
(Éditions Points, 325 pages)

17/26!

et

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